Et donc les Explications de Marc BOYER
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FRONT D'ADVECTION
Il n'est pas rare d' être confronté sur le versant Nord des PYRENEES, et ce quelle que soit la saison,
à un FRONT D'ADVECTION
On fait parfois l'erreur d'assimiler ce phénomène à un vent de vallée classique.
En météorologie, l'advection définit un transport horizontal de la masse d'air
Ce front se met en place quand une masse d'air humide d'origine atlantique se déplace dans une direction
globalement Nord-Ouest sur le piémont du versant Nord des Pyrénées. On peut le rencontrer sur un secteur
compris entre le Pays Basque et la vallée de l’Ariège. Au-delà, à partir de l'Aude et des Corbières,
l'influence Atlantique diminue et finit par disparaitre laissant la place à un climat Méditerranéen.
Cette masse d'air océanique, chargée en vapeur d'eau, en se déplaçant se retrouve bloquée par les reliefs
du piémont. Bloquée et ensuite soulevée par le relief, elle va chercher à passer par le haut. Contrainte de
monter, elle se refroidit et condense d'autant plus tout en étant bloquée en altitude par une couche
d'inversion. Il se produit alors une compression sur les avants reliefs et une détente sous le vent du relief.
Elle accélère ainsi par effet Venturi et par le phénomène de compression détente. A ce titre, on peut
le comparer à un "mini" effet de Foehn et ce d'autant plus que les molécules d'air au départ chargées en
vapeur d'eau, en perdent une partie au vent de relief et se retrouve ainsi plus sèche sous le vent du relief.
Vous avez déjà observé des stratus qui forment un bourrelet au vent des premiers reliefs et qui descendent
en s'effilochant sur les versants sud. C'est très joli à voir mais aussi très utile à savoir quand on vole
dans le secteur car la vitesse du vent dans la vallée va augmenter rapidement (moins d'une 1/2 heure) et
entre 10 et parfois 20 km/h.
LES ELEMENTS INDISPENSABLES pour qu'un front d'advection puisse se mettre en place sur le versant
Nord des Pyrénées sont :
- une direction du vent météo allant de l'Ouest au Nord-Ouest
- une masse d'air humide sur la plaine aquitaine,
- la présence d'une inversion de température à une altitude supérieure à 1900 m.
Il est possible de prévoir ce phénomène et on peut l'anticiper par une simple observation.
CE QU'IL FAUT VOIR et IDENTIFIER :
- vent de direction Ouest à Nord-Ouest. 10 à 15 km/h suffisent.
- masse d'air humide signifiée par la présence de stratus et strato-cumulus sur la plaine Aquitaine
et le piémont. Il y a une très belle mer de nuage qui atteste également d'une couche d'inversion.
- les stratus et strato-cumulus débordent en fin de matinée sur les avants reliefs et pénètrent à
l'entrée des vallées. Ils forment un bourrelet sur les avants reliefs qui déferle sous le vent en s'asséchant.
- les plafonds sont peu élevés de l'ordre de 2000 - 2200 m sur les reliefs de la moyenne montagne.
- la couche d'inversion lisse la couche supérieure de la mer de nuage qui inonde la plaine et bloque
le développement vertical des cumulus de la moyenne montagne.
Le front d'advection devient dangereux pour les parapentistes qui ne savent pas l'identifier et qui ne
s'attendent pas à rencontrer un vent fort dans la vallée et dans la matinée. Si on se retrouve en l'air
à ce moment-là, il faut, dans la mesure du possible, soit rester en l'air, soit poser en altitude, soit
se placer le plus en avant possible d'un terrain d'atterrissage. On peut rester en l'air en se plaçant
en appui sur tous les versants exposés au vent de vallée. Les conditions ne seront pas pour autant très turbulentes. Il est très fréquent qu'ensuite le ciel se charge en stratus et strato-cumulus, mettant un terme à la convection. Les conditions redeviennent ensuite plus calmes au bout d'une petite heure.
Les gros problèmes arrivent lorsque les pilotes se font surprendre, se retrouvent mal placés dans la vallée
et par rapport à une zone d'atterrissage. Coincés et scotchés dans la vallée, ils s'expose en volant accélérés
dans une aérologie qui devient turbulente près du sol à cause des obstacles environnants (maisons, arbres...).
Je reste à la disposition des tous les pilotes qui souhaiteraient encore plus d’informations ou me faire part
de leurs remarques et de leurs expériences.
Notre plaisir en vol dépend de la symbiose et de l’harmonie entre notre technique et notre connaissance
MARC BOYER